Production sucrière de Mayotte
Production sucrière de Mayotte (1850-1905)
1833 fin de l’esclavage. Les esclaves, libérés, doivent rester 5 ans au service de la colonie ; le souci étant de répondre aux besoins de main d’œuvre de l’état et des planteurs. Devant cette menace de travaux forcés, une énorme majorité d’esclaves choisissent d’émigrer vers Madagascar ou Anjouan .Les terres, ainsi abandonnées deviennent disponibles pour la colonisation ou pour leur appropriation par l’aristocratie mahoraise. Place aux grands planteurs.
C’est l’époque des grands constructions en dures, du jamais vu !!Usine à sucre, ateliers, magasins, hangars, maison de maître, maisonnettes pour les employés à la portée de cloche….et un grand camp pour les travailleurs noirs, corvéables à merci. Les grands navires peuvent mouiller en face de chaque établissement sucrier mais il est nécessaire de transborder les chargements dans les chaloupes qui approcheront du rivage.
Or, à cette époque, Mayotte est sous peuplée. Non seulement la main d’œuvre est insuffisante, mais, les autochtones sont insérés dans un système traditionnel d’autosubsistance par leur culture animiste ou musulmane et n’ont aucune envie de participer à un système capitaliste fondé sur l’exploitation de la force de travail. En réponse, la colonie impose le travail obligatoire, l’impôt et, un peu plus tard, une taxe pour l’assistance médicale et une corvée de 6 jours de travail supplémentaires par an, dus à l’état, qui obligeront les mahorais à travailler sur les plantations…..l’histoire se répète inlassablement au fil des siècles……….
Il faut cependant recruter à l’extérieur ; Zanzibar, Inde. Malades ou mal adaptés cette opération échoue. Le gros des travailleurs vient des Comores et du Mozambique, mais ces travailleurs ne renouvelleront pas leur contrat ou s’orienteront vers le commerce. J’ai lu une autobiographie d'un ancien esclave qui relate les conditions de vie d’un esclave et de travailleurs engagés à cette époque……rien d’étonnant à ce déclin!!!
Ce problème, associé à la crise de l’économie sucrière ( le sucre mahorais subit la concurrence du sucre cubain sur le marché mondial et celle du sucre de betterave sur le marché français) , au manque de moyens financiers dégagés par l’état pour les infrastructures ( routes, aménagements portuaires pour améliorer la desserte des navires, défrichement , achat de boutures, d’engrais car les sols s’appauvrissent et s’érodent , réparation d’usine, paiement de main d’œuvre………) et , cerises sur le gâteau , contrairement à la Réunion , aucune banque ne s’installe à Mayotte pour accompagner l’activité des planteurs et un parasite de la canne ravage les plantations.
Devant tous ces déboires, beaucoup de colons renoncent, les travailleurs surexploités et souvent payés avec du retard se soulèvent. , c’est la fin de l’euphorie sucrière. Les usines, fautes de production, ferment les unes après les autres.
Le relais sera pris par d’autres cultures commerciales qui n’auront jamais l’importance du sucre : citronnelle, vanille, le sisal (fibre extraite des feuilles de l’Agave qui sert à la fabrication de cordage, de tissus grossiers et de tapis), et ylang ylang.