Le racisme à Mayotte

15/02/2014 11:14

 

 

Dans beaucoup de pays, on n’aime pas les étrangers. Et partout, aujourd’hui comme hier, on a essayé de mettre en place des institutions pour résoudre ce problème et pallier à cette situation grave, d’autant plus qu’elle renferme des faits cachés dont on ne parle pas.

Commercer avec des étrangers « qu’on n’aime pas », cela s’appelle l’hospitalité - du latin hostie qui désigne à la fois l’étranger, l’ennemi, le rival. L’hospitalité est une règle qu’on établit pour dialoguer, négocier, échanger avec des gens qu’on considère comme ennemis parce qu’ils ne sont pas comme nous.

A Mayotte, l'immigration clandestine anjouanaise est désormais perçue comme une menace pour le développement social-économique de cette collectivité française située dans l'archipel des Comores : Saturation du système de santé local par les Anjouanais en situation irrégulière, dépenses financières de plus en plus lourdes pour contrer l'immigration clandestine, explosion démographique, développement du racisme et de l'insécurité.

Cette pensée est relayée en toute impunité par nos dirigeants et nos énarques comme notre ex- préfet de Mayotte ; Jean-Jacques Brot ; défendant le maire de Brandélé qui , le 27 octobre dernier, de Brandélé a organisé l’incendie du village d’Hamouro, détruisant en totalité 28 paillotes occupées depuis trois ans par des Anjouanais en « situation irrégulière ».

Si cet acte raciste n’est pas un cas isolé, il illustre malheureusement, la xénophobie grandissante attisée par la lutte sans répit que mènent les autorités mahoraises, donc françaises, contre l’immigration dite clandestine, principalement anjouanaise, à Mayotte.



Notre ex prefet de Mayotte a estimé que l'immigration clandestine des Comoriens, issue principalement de l'île voisine d'Anjouan, « est littéralement le viol de notre maison par des gens qui n'ont rien à y faire. »
Selon le préfet de Mayotte « l'invasion migratoire contrarie, non, le mot est trop faible, s'oppose ou viole notre hospitalité, viole notre souveraineté, viole la liberté exprimée dans les urnes en 1974 »

Il a également estimé qu'il faut se débarrasser du "complexe de culpabilité néo-coloniale" vis à vis des Comores, dans une autre interview. « Encore une fois, la France n'a plus aucune responsabilité aux Comores. »
« le trafic de faux papiers aux Comores est un sport national ».
Selon Jean-Jacques Brot, « l'immigration clandestine, c'est au moins 45.000 personnes à Mayotte alors qu'il y a environ 10. 000 étrangers en situation régulière" et qui "sont les bienvenus »
"La France n'a aucun intérêt stratégique, ni économique, à Mayotte.
Avec le développement économique de l'île Mayotte dont le niveau de vie ne cesse de progresser avec les transferts financiers de la France, les habitants des autres îles, Grande Comores, Anjouan et Mohéli voient en cette petite île sous perfusion de la France, un eldorado artificiel fuyant la crise politique et séparatiste que connaît l'Union des Comores depuis son indépendance.


En Grande-Comore, l'immigration clandestine est utilisée par les responsables politiques locaux pour combattre cette mesure et demander le retour de Mayotte dans l'ensemble comorien.
A Anjouan, l'émigration clandestine fait partie du quotidien avec ses “ports francs” officieux et les accidents nombreux ne dissuadent personne d'embarquer dans les “kwassa-kwassa, ces petites embarcations surchargées et instables qui partent tous les jours, la plupart du temps de Domoni, vers Mayotte, le nouvel Eldorado pour ces clandestins.
Depuis trois ans, l'absence d'informations et de statistiques officielles de la part de la Préfecture et de la DASS de Mayotte sur les naufrages entre Anjouan et la collectivité départementale a obligé l'Observatoire de l'émigration clandestine anjouanaise créé en octobre 2000 par plusieurs ONG à s'effacer. MAYOTTE SANS FRONTIERES, nouvel observatoire de l'émigration clandestine anjouanaise, a l'ambition de relancer cette veille !

Mayotte détient en effet, la première place en France, peu enviable, pour le nombre d’expulsions d’étrangers, facilitées sans doute par l’instauration du visa depuis 1994. L’immigration clandestine y concernerait une personne sur quatre. On refoule chaque année 10 000 migrants, 5 070 « arrêtés préfectoraux de reconduites à la frontière » ont été pris en 2002.

Poussés par la misère, l’isolement et surtout l’insécurité due à la pression qu’exerce le régime dictatorial et policier du colonel Azali sur le reste des îles de l’archipel, les Comoriens espèrent bénéficier à Mayotte d’infrastructures telles qu’hôpitaux, écoles et trouver du travail.

Embarqués ou plutôt entassés sur des pirogues, les kwassa-kwassa, ces pauvres hères risquent leurs vies en parcourant en mer les quelques 80 kilomètres qui les séparent de « l’Eldorado ».

Ils sont d’abord la proie des passeurs peu scrupuleux qui se font payer 1500/2000 euros le « passage » et qui parfois n’hésitent pas à les abandonner en les laissant sur des récifs coralliens.

Pour ceux qui arrivent à Mayotte, il faut fuir ou affronter les autorités et parfois la population autochtone. Pour survivre les immigrants se vendent à certains « employeurs » pour 200 euros au plus par mois, le triple de ce qu’ils pourraient espérer toucher, s’ils avaient trouvé un emploi chez eux.

Ces propos infâmes et xénophobes du représentant de la France encouragé sans doute par ses supérieurs à Matignon, ne sont pas pour rapprocher des populations de Mayotte et celles des autres îles.

Tout comme les travailleurs et les pauvres de Mayotte, les comoriens sont les victimes d’un système qui ne se soucie guère des miséreux qu’il fabrique.

Mayotte est devenue officiellement un département et une région française le 31 mars 2011. Depuis 1975, au moment où l’île est détachée de l’archipel des Comores devenu indépendant, trois statuts officiels se sont succédés pour Mayotte, censés faire accéder par étapes l’île au rang de département français. Cependant, la place de ce territoire au sein de la République reste très ambiguë. L’Outre-mer, Mayotte comprise, est généralement régi par un droit dérogatoire, censé être adapté à la situation. Le droit en vigueur va pourtant beaucoup plus loin qu’une simple adaptation : les ordonnances qui régissent l’île fixent ainsi des principes contraires à certaines lois nationales ou européennes. Ces lois localisées sont très défavorables aux étrangers-ères, et particulièrement aux Comorien-ne-s, voisin-e-s direct-e-s de l’île et jadis individu-e-s d’un même État. La décolonisation a ainsi entraîné une rupture entre Mahorais-es et Comorien-ne-s, créée par l’État français et productrice de discriminations vis-à-vis de ces Comorien-ne-s devenu-e-s étrangers-ères. Les Comorien-ne-s n’ont qu’une place « marginalisée sur leur propre terre et ghettoïsée au sein d’une administration et d’une économie » qui les considèrent d’avantage comme une « gêne » que comme une ressource (CAMINADE, 2010).


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