le Banga : initiation au passage à l'âge adulte

12/04/2014 14:13

ELIADE : « L’initiation de puberté débute par un acte de rupture »

HOWITT : « la passé doit être séparé de l’enfant par un intervalle qu’il ne pourra jamais repasser »

A Mayotte , 2 étapes marquent cette rupture :

 

La circoncision

Elle possède un cérémonial fixe identique pour l’ensemble de l’Afrique animiste

A Mayotte, vers 8-9 ans, l’ainé subit la circoncision (épreuve de la fumée et du couteau, sans pleurer)

Le jour et l’heure sont déterminés par le fundi

L’épreuve de la fumée précède la circoncision .Elle a pour objectif de traiter les maladies infantiles dont la présence est attribuée à l’influence du mauvais génie.

Tous les enfants de la famille sont rassemblés autour d’une grande natte et enveloppés d’un drap épais. Dans une marmite au fond de braise, on déposera herbes et feuilles sélectionnées pour cet effet, le tout imbibé d’huile de coco de sorte que se dégage une épaisse fumée qui irritera les voix respiratoires des enfants. On renouvellera l’opération jusqu’à ce que les enfants soient trempés de sueur.

Ensuite survient l’épreuve du couteau. Pour accéder au statut d’homme, l’enfant ne doit pas pleurer

 

Avec l’avènement de la puberté, la plupart des parents encouragent le jeune garçon à construire sa propre habitation :

Se rapproche t on de la philosophie du célèbre psychologue et pédagogue Alexander Neill ?

 

 le Banga

L’origine du Banga serait Bantoue : il date du moyen âge et est le souvenir d’une résistance Mahoraise face à la domination islamique des Shiraziens qui tentent d’interdire tout rapport sexuel avant et hors mariage

La sexualité Africaine vit par vibration… tristes Arabes !!! Ils ont cassés la magie de la vie, mais la jeunesse Mahoraise est pleine de ressources et invente le Banga pour détourner ces interdits

Banga signifie « prépare-toi »……prépare toi à devenir un homme !!!

L’âge de construction du Banga est variable ; certains jeunes  construisent leur premier Banga à 9 ans.

Dans la société mahoraise , les jeunes doivent s'éloigner de leurs soeurs pour éviter l'inceste.La jeune fille doit rester vierge et pure jusqu'au mariage.Elle est déclarée impures pendant ses régles et pendant la période de l'acouchement; il faut donc réduire le danger que présente la période "marginale" de l'adolescence ; on s'efforce alors de protéger le jeune, de le soustraire à la "souillure"en l'éloignant de la case familiale.

De plus , les jeunes veulent être hors d’atteinte des parents afin de jouir des avantages de l’intimité .Ils construisent donc à la périphérie du village et sont ainsi des pionniers de l’extension du village. L’espace, à l’intérieur du village est gardé en priorité pour les sœurs, les mères ou les filles. Lorsque le jeune quittera son Banga, la famille revendiquera la terre qui sera utilisé pour des habitations permanente dans le futur.

 Les mairies octroyaient ( ce n'est plus le cas depuis quelques années!) plusieurs parcelles aux jeunes qui se regroupent en quartiers de Mabanga : C’est l’identité collective. Ce quartier que l’on habite contribue à définir le monde auquel on appartient, c’est également un espace de solidarité, de contrôle.

Le fundi donnera la date et l’heure pour commencer les travaux ; S’ils ne respectent pas la date, et que c’est un jour défavorable, le jeune n’y passera pas beaucoup de temps, ne pourra pas bien dormir, aura des cauchemars et pourrait y avoir un incendie. Si le jour est favorable, il attirera les filles.

Les différentes étapes de la construction d’un Banga sont

  • La recherche du bois et bambous en brousse
  • Le partage des bambous en deux et le cloutage
  • Le ramassage des feuilles de bananier et de tiges de riz

 

  • Fabrication du torchis effectué avec de nombreux villageois, c’est l’occasion de faire la fête, c’est le musada, ce qui signifie entraide. La réciprocité est une notion importante à Mayotte et celui qui possède plus que les autres est vu d’un mauvais œil, il est alors obligé de partager sous peine d’être exclu du groupe.
  • Confection de la toiture au moyen de feuilles de cocotier tressées.

Le fundi décide de la date d’entrée dans la case. Il prépare le hirizi et écrit une sourate en arabe  qui serviront de porte bonheur et chasseront les démons.

  • L’ameublement comporte généralement un lit, une table et plusieurs chaises.
  • La décoration intérieure ( lamba , pièce de tissu qui sert de vêtement féminin , affiches , posters, murs peint ou crépis….) Avec les posters, à l’effigie de ses idoles, tapissés au mur , l’adolescent va se projeter , s’identifier à ces personnages , ce en quoi il ressemble aux adolescents occidentaux.
  • Le shandza (la clôture) condition d’une totale imperméabilité aux regards. Elles sont construites en feuilles de cocotiers tressées, en bambous éclatés ou en palissades de plantes locales.
  • La décoration extérieure qui peut être un véritable délire  pictural artistique.

    Œuvre d’art éphémère….éphémère la jeunesse.

banga bruce lee

banga mbouini

 

 Les bangas sont  fragiles, peu résistants au vent, peu hermétiques à la pluie et relativement insalubres (les maisons, qui n'ont guère de fondations, n'ont pas de dalles (sol en terre battue) et sont généralement dépourvues de sanitaires.

Que doit on penser du rapport entre les idées religieuses islamiques et les peintures illustrées sur le banga sachant que la religion l’interdit ? Le banga correspond à une époque transitoire qui dépasse sa vocation première, essentiellement fonctionnelle ; il est l’expression nouvelle d’un mode de pensée.  

Dans le banga, les adolescents dorment, étudient, mangent, reçoivent des amis, écoutent de la musique. Il y subsiste le cordon ombilical de la nourriture puisque la nourriture et les soins domestiques relient encore l’adolescent à la mère.

Lorsque l’on interroge les jeunes Mahorais sur les avantages du banga , ils portent essentiellement sur la liberté ; Ces revendications sont les mêmes que chez l’adolescent occidental qui souhaite s’individualiser du reste de sa famille .

 

Cet élément du patrimoine est en voie de disparition sous l’effet de la transformation des modes de vie, de la forte pression démographique et de l’élévation du niveau de vie.

Suite à l'opération de résorption de l'habitat insalubre , un nouveau quartier a vu le jour à l'entrée de Mamoudzou.La rénovation de ce quartier a nécessité de tout raser ( et de combler la mangrove!!!....) Les familles ont été relogé et  ont , pour se réapproprier ces nouveaux logements,tout d'abord clôturé leur cour avec des tôles, neuves ou rouillées, et , à l'intérieur de ces dernières, ont construit des bangas ....en tôles, ce qui tend à une certaine "bidonvillisation"

 

A Mayotte, l’oisiveté est très mal considérée et les cas de délinquances étaient, voilà peu, rares. Cependant, les adolescents sont aujourd’hui confrontés à la société occidentale et au processus de modernisation qu’elle a entraînée. L’école, internet, l’essor des moyens de communication et de transport  poussent le jeune Mahorais vers une autonomie intellectuelle et affective ; les fondements de l’éducation Mahoraise pousse vers l’autonomie matérielle au détriment de la vie affective et individuelle (pas d’actions isolées ; activités en groupe favorisées, pas de conflits ouverts, pas d’originalités, pas d’esprits critiques….).Il y a là déphasage, inadaptation, perte de repères,( et pour les parents, et pour l’adolescent) .Ce qui génère des formes de marginalisation, surtout dans les zones urbaines. Le modernisme a introduit de nouvelles activités au détriment des travaux champêtres et de la fréquentation de l’école coranique. Une coupure se fait entre les générations avec une chute de l’autorité parentale.Et le banga disparaît!

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