la lèpre à Mayotte
Au cours d’une balade sympa, dans le nord de Grande Terre, une infirmière scolaire m’a interpelé en parlant de la lèpre à Mayotte. La maladie de Hansen existe encore sur l’île, oui, mais jamais je n’aurais soupçonné son ampleur.
La lèpre est une maladie connue depuis l’Antiquité, (environ 600 ans avant Jésus Christ), et effraie encore tant elle est associée aux grandes peurs du moyen-âge. On considérait les lépreux comme frappés d'une malédiction les vouant à l'isolement et à l'exclusion sociale.
A partir du XIX éme siècle, l’îlot de M’Bouzi , fut occupé par des lépreux mis en quarantaine avec interdiction d’en sortir. Pendant 150 ans, ils furent internés faisant l’objet d’expériences médicales .Puis, la science progressant, dans les années 50, on réussit à les guérir et la léproserie fut enfin abandonnée.
Et pourtant, la terreur mythique de cette maladie ne s’est pas éteinte encore aujourd’hui ; dans certains pays de la zone intertropicale, elle est encore largement répandue. Si la lèpre a disparu d’Europe, elle est encore bien présente en Afrique et dans l’Océan indien. C’est une maladie fréquente, et probablement sous-estimée à Mayotte ; chaque année, en moyenne, une cinquantaine de nouveaux cas y sont dépistés .Mayotte est un des territoires endémiques, comme l’Inde, le Brésil, Madagascar, Mozambique, Tanzanie et Anjouan. C’est même l’un des territoires les plus concernés au monde (le deuxième territoire touché par la lèpre dans l'océan Indien après Anjouan), d’après une analyse des données recueillies entre 2006 et 2011 qui décrivent l’évolution de la maladie sur l’Île aux parfums. (Depuis ….. quasi plus rien !!!) Pendant cette période,, 307 nouveaux cas de lèpre ont été diagnostiqués à Mayotte, moyenne bien supérieure aux objectifs de l’OMS fixés à moins de 1 cas pour 10.000. Notre département Français est le deuxième territoire le plus touché de la région après Anjouan et affiche l’un des plus forts taux mondiaux de prévalence. Triste record !!
Compte tenu de la situation géographique de Mayotte et de l’importance des flux migratoires. (Mayotte est située à 70 km des côtes d’Anjouan) il serait vraiment nécessaire d’établir une coopération avec l’Union des Comores.
Il n’existe pas de véritable stratégie de détection de la lèpre, pourtant indispensable au contrôle de la maladie. Actuellement à Mayotte, le dépistage est uniquement passif, légèrement renforcé par une éducation sanitaire : formation des professionnels de santé (médecins, infirmiers scolaires), affiches dans les lieux publics. Cette détection n’est pas assez sensible. Quand je pense à cette idiote de Roseline Bachelot et sa pandémie de grippe A et ses 94 millions de doses de vaccins...…..et là, à Mayotte, la lèpre n’intéresse personne.
À Mayotte, la détection et la prise en charge des cas de lèpre sont réalisées par le service de léprologie du Centre hospitalier de Mayotte. Lorsqu’une infection par le bacille de Hansen est confirmée chez un patient, une recherche active de cas est réalisée à son domicile, auprès des membres de sa famille et de toutes autres personnes vivant sous le même toit.
La lèpre touche essentiellement la peau, les muqueuses et le système nerveux périphérique. Le système nerveux central n’est jamais atteint. La maladie est transmise par des gouttelettes d’origine buccale ou nasale lors de contacts étroits et fréquents avec un sujet infecté et non traité. Elle peut aussi être transmise par contact direct avec la peau endommagée.
C’est une maladie d’évolution silencieuse et lente. Les phases d’incubation sont longues, (de 2 à 20 ans), de sorte que la plupart des cas se révèlent chez les adultes jeunes alors que la contamination s'effectue vraisemblablement dans l'enfance.
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Quand le diagnostic est précoce, la guérison se fera sans séquelle grâce à un traitement antibiotique. Après 3 mois de traitement, une personne ne peut plus transmettre l'infection car le malade n'est plus contagieux. S’il est tardif, le patient risque d’avoir des séquelles neurologiques et esthétiques définitives et considérablement invalidantes.
Il n'existe pas de vaccin contre la lèpre .Cependant la vaccination par le BCG assurerait une protection temporaire de quelques années.
La lutte contre cette affection doit se poursuivre de façon intensive
Les infirmiers scolaires doivent se former au diagnostic de la lèpre afin de permettre un dépistage efficace pour repérer les patients et également insister sur la détection des cas dans les populations migrantes afin de les inciter à venir se faire diagnostiquer et traiter.