Kwassa kwassa (suite) la PAF et ses conséquences
La PAF (Police aux Frontières) est chargée de la reconduite aux Comores des clandestins. Les moyens évoluent avec des radars plus performants et des patrouilles de plus en plus fréquentes. Le nombre de fonctionnaires de la Police aux Frontières a été multiplié par plus de 10 depuis 2002 pour atteindre 140 en 2008. Les reconduites à la frontière sont de plus en plus nombreuses et la traversée pour les Anjouanais devient de plus en plus difficile.
Lors de rafles, le problème qui se pose, est qu'il arrive souvent que lorsque des parents sont attrapés, les enfants restent à Mayotte isolés de leur famille. Dans certains cas, les services sociaux proposent aux parents, en attente de reconduite, d'amener leurs enfants aux Comores. Les parents acceptent parfois, certains préfèrent les laisser à Mayotte leur espérant une vie meilleure. Une situation dramatique pour les enfants.
Les enfants sont parfois accueillis par la famille plus ou moins éloignée mais la plupart du temps ils se retrouvent seuls et démunis, n'ayant comme ressources que la mendicité et la cueillette de quelques fruits dans la forêt.
Les services sociaux ne comptent qu’un nombre dérisoire de familles d'accueil et seulement une poignée d’éducateurs spécialisés pour un nombre croissant d’enfants en situation difficile. Les moyens mis à disposition sont dérisoires face au problème des enfants à Mayotte.
Enfance en danger, mais où passe l’argent ?
Avez-vous vu, cette émission télévisée dans laquelle un journaliste posait la question à un responsable qui refusa de répondre ??
Les enfants sont, de ce fait obligés de se débrouiller, de mendier sur des parkings de supermarchés ou sur les places publiques pour obtenir quelques euros par jour. Pour les plus jeunes, la mendicité semble fonctionner davantage mais ils sont souvent rackettés par leurs ainés. Jusqu'à l'âge de 16 ans ils ont la possibilité d'aller à l'école mais une fois les 16 ans atteints, ils se retrouvent dans une situation difficile étant trop vieux pour obtenir une formation professionnelle et manquant d'expérience pour pouvoir subvenir à leurs besoins. Certains se tournent donc vers la délinquance et le chapardage de subsistance.
Quelques associations permettent à quelques enfants de s'orienter vers l'artisanat et de se former ainsi sur des travaux manuels mais les moyens ne sont malheureusement pas à la hauteur du nombre d'enfants démunis.
La situation est plus que préoccupante pour l'avenir de l’île , espérons que le fait que Mayotte soit devenue département change la donne pour ces enfants….si l’argent n’est plus détourné, et ça ! Ce n’est pas gagné !
Voici une deuxième histoire ; conséquence du visa Balladur, lu dans Mayotte hebdo :
Une femme relativement âgée accueille les journalistes dans sa maison encore en construction. Hormis les ouvriers, la femme est seule avec l’un de ses plus petits-enfants. Elle nous explique son drame familial.
Sa fille de 25 ans a été arrêtée est renvoyée à Anjouan, séparée ainsi de ses trois enfants. Après avoir réussi à récolter l’argent pour revenir, elle a embarqué dans un kwassa-kwassa. Malheureusement, elle n’est jamais arrivée à destination, on connait la suite. Ses trois enfants, orphelins, (le père est lui aussi décédé) restent à charge de leur grand-mère. Cette vieille femme nous explique qu’elle a déjà cinq autres petits enfants à charge. Comme un malheur n’arrive jamais sans un autre, elle a aussi perdu un autre de ses enfants dans un éboulement de terrain du bidonville. C’était juste-là devant la maison. Elle nous explique qu’elle ne sait pas comment elle va pouvoir sans sortir seule pour nourrir ses neuf petits-enfants à charge. Dans quelle condition vont-ils grandir ? Elle non plus n’a pas la nationalité française et pourtant, comble de son histoire : elle est née ici, à Mayotte, à Combani. Seulement voilà, qu’elle preuve peut-elle apporter puisque l’Etat civil n’existait bien sûr pas à cette époque-là.
De nombreux Mahorais,comme elle , n’ont pas d’état civil et, lors de rafle, se font renvoyer à Anjouan, mais comment prouver leur nationalité ?