enseigner à Mayotte
Certains s'interrogent sur les conditions d'enseignement à Mayotte. Voici quelques éléments de réponses teintés évidemment de subjectivité !
On distingue 2 catégories d'enseignants : celle de l'école primaire et celle du secondaire. Les 2 ne bénéficient pas des mêmes conditions de travail ...
La situation la plus enviable, la plus privilégiée ; celle des profs du secondaires : collèges et lycées flambants neufs à quelques exceptions prés !
"Les collèges doivent être visibles de loin, (...) ils doivent marquer le paysage mahorais, (...) 1 collège neuf par an (...) ce sont des symboles, visibles par toute la population, de l'engagement de l'état dans la politique éducative à Mayotte" citation du vice-recteur lors des journées dédiées aux nouveaux arrivants. Et c'est assez vrai, les collègues du secondaires, dans l'ensemble, évoluent dans des bâtiments proches de la métropole, relativement bien équipés, centre de doc, salle d’informatique, internet, labos…
Ils côtoient des équipes constituées à .....95% des collègues mzungus (les 5% étant les agents d'entretiens, et quelques hôtesses d'accueil...), et ensemble, ils partagent la même désillusion quand au niveau scolaire de leurs élèves !!!
Des élèves qui sont "sélectionnés" à l'issue de du CM2 par un examen, qui leur donnera le passeport pour rentrer au collège, car les places sont limitées (malgré les efforts de l'état, le nombre de collège n'absorbe pas la totalité des élèves).
Malgré cette "sélection" certains, beaucoup trop, élèves ne savent pas lire en français, ne s'expriment pas ou ne savent que très peu s'exprimer dans un français de base.
L'adaptation des contenus d'enseignement aux réalités éducatives est évidente et indispensable si on veut être pédagogiquement utile à ses élèves. Pour certains profs, la priorité pourrait être d'apprendre à lire et à parler en français, à leurs élèves ...
Les collègues du secondaire se plaignent aussi que les élèves ne sont pas aussi "dociles" qu'ils l'avaient imaginé. On commence à trouver des attitudes et des comportements similaires aux collèges de la métropole, mais dans des proportions moindres.
Il n'y a pas ou très peu d'enseignants du secondaire mahorais. Sans doute car peu, trop peu sont en capacité d'obtenir un diplôme universitaire.
Et pour les mahorais qui ont le bac, soutenu par leur famille aux revenus confortables, ils rejoignent la métropole et aspirent à des fonctions plus ...politique (ment) rentables, mais la majorité échoue.
Au lycée de petite Terre, pour ma part, ce n’est que du bonheur, c’est trop facile. J’ai honte : au programme, course en durée en plein soleil et mes élèves courent…En métropole, ce serait le refus, simple, net et catégorique. Leurs compétences physiques est bien au dessus des compétences de métropolitains, mais lorsque je leur demande de m’additionner 2 VMA et d’en calculer la moyenne, gros blocage pour l’addition, des élèves de première !!, lorsque je leur demande de courir 500m en un temps défini, ils ne savent pas où s’arrêter : j’ai beau leur dire que la piste faisant 400m il suffit de la diviser en 4/4, et de courir 400m + ¼, ils sont réellement déboussolés. Les lacunes sont considérables ! le français n’est pas maîtrisé.
Les élèves sont faciles et sympathiques, attachants et souriants .leur « bonjour » prend à nouveau tout son sens. Le retour en métropole sera dur !