COUP DE GUEULE

19/11/2013 17:20

WOUHA ! Gros coup de mou

Tout d’abord, la chaleur. Elle est exténuante, elle s’abat sur vous comme une chape de plomb, harassante, épuisante, éreintante. Les journées deviennent une lutte pour trouver une once d’énergie pour effectuer les tâches les plus élémentaires : se lever pour remplir sa bouteille d’eau, se faire à manger pour veiller à ne pas épuiser le peu d’ardeur qu’il resterait, à supposer qu’il en reste.

Réussir à faire abstraction du contexte social et économique du département :

  • La jeunesse en perte de repères, la départementalisation va trop vite et ne tient pas compte des différences culturelles.
  • Un nombre effarant de jeunes va arriver sur le marché du travail, sans espoir d’embauche, sans qualification, avec comme seul bagage un diplôme, quand ils en ont un, au rabais, un diplôme qui n’a aucun sens
  •  Des lacunes intellectuelles et éducatives (occidentales) considérables. Mes élèves de première ne sont pas capables d’effectuer une addition basique : 12+14 , ni de remplir une fiche de suivi ou de jugement
  • Des jeunes qui ne vivent que dans l’immédiat, désarmés devant la gestion temporelle, devant l’anticipation, et pourtant débordants de gentillesse et de volonté de bien faire.

Pédagogiquement, il me faut rapidement oublier tout mes acquis de métropole et m’adapter, oui mais comment ? Les problèmes rencontrés sont inattendus, déconcertant. Lorsque l’on échange avec les « anciens » constamment le même refrain :

« A mon arrivée, j’étais plein d’entrain, j’avais des projets plein la tête puis, devant l’ampleur des problèmes et le manque de soutien (le laisser aller général, le tout le monde s’en fou) j’ai baissé les bras car, lorsque je me retournais j’étais tout seul »…….la chaleur entretenant cette torpeur.

Il serait plus facile de tout construire, mais il faut édifier sur un contexte existant, et c’est là que le bas blesse ! Est-il opportun d’anéantir des valeurs qui ne sont pas les nôtres sur un territoire Français qui n’en a que le nom ? Au nom de quoi ?  De qui ?

La départementalisation parlons en !

Caribou en Francafrique !

Il fut un temps où l’on parlait de «  sens de l’histoire » et celui-ci allait dans la direction de la décolonisation ; à Mayotte, force est de constater que le vent souffle dans le sens inverse, celui de la recolonisation. Mais bon, vu que toutes les forces politiques locales, faisant campagne pour le oui, on pouvait s’attendre au résultat ; Ceci dit, la quasi-unanimité du référendum  ne dit pas empêcher de se poser les questions de fond sur lesquelles les métropolitains (et moi-même avant de venir ! mea culpa !!) sont trop peu informés.

Vite fait un peu d’histoire :

Mayotte fut la première des îles comoriennes à devenir française :

En 1974,lors du référendum d’autodétermination organisé dans l’archipel, Mayotte est la seule à voter pour rester française alors que les trois autres ( Grande Comores, Anjouan et Moheli) votent massivement l’indépendance .Depuis Mayotte est séparée de «  ses trois sœurs » ce qui va à l’encontre des principes internationaux qui prônent le respect des frontières issues de la colonisation. Cette prise de position historique vaudra à la France des condamnations régulières de la part des Nations-Unies.

2009 : Nouveau référendum avec le résultat que l’on connaît. L’union Africaine avait condamné par avance ce référendum organisé sur une terre «  occupée par une puissance

étrangère » Mais que fait l’UE ?  Une chose est sûre, l’absence de débat est irrécusable ! aussi bien à Mayotte qu’en métropole.

Mais pourquoi ?

Les média alternatifs ont fait, à l’époque, remonter des faits, des idées, assurément justes ! Je cite les faits relatés par ceux qui ont osé parler de Mayotte, en d’autres termes que les résultats du référendum, en se penchant sur les tenants et aboutissants

  • Le canal du Mozambique offre à la France des routes maritimes stratégiques au sud de l’océan indien
  • Pus largement , grâce à cette intégration de Mayotte , le droit de la mer va consacrer l’exercice par l’état français, de droits souverains sur plus de 11 millions de kilomètres carrés d’espaces maritimes , plaçant la France à la tête du deuxième plus grand état océanique du monde , après les USA .
  • Mayotte pourrait devenir une importante zone d’investissement avec l’arrivée de grandes surfaces et l’installation de concessionnaires automobiles et du tourisme.

En bref c’est une politique de puissance ; Une France prête à tout «  pour rester la France des trois océans »une « France qui bafoue le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » et qui pratique «  la colonisation de consommation » tournée vers l’hexagone au détriment du développement de ces régions.

Les Mahorais sont ils gagnants ?

Ils sont gratifiés d’un RMI qui ne sera pas le même qu’en métropole ; quatre fois inférieur. Le SMIC sera également adapté au sous développement local. Euh !!....est ce un rudiment de tradition colonialistes ?

Mayotte est aussi, depuis des années un haut lieu de l’immigration clandestine. Des milliers de comoriens ont perdu la vie en tentant de passer à Mayotte dans leurs embarcations de fortune appelées des kouassas kouassas. Des morts dans l’indifférence totale d’une métropole distante de 8000 km .Pour les plus chanceux qui parviennent à bon terme, c’est l’expulsion qui les attend.